Lors d’une journée froide et ensoleillée de janvier 2021, quelqu’un a appelé les SMU directement depuis les pentes de Sugarloaf Provincial Park et deux ambulances sont arrivées au local de patrouille sans préavis. Les patrouilleurs se sont précipités à leur rencontre pour apprendre qu’un incident grave s’était produit sur la piste « tubing and drag ». Apparemment un client avait été écrasé par un arbre qui était tombé sur lui. Les patrouilleurs ont indiqué aux ambulanciers comment s’approcher des lieux et, du même coup, trois patrouilleurs se sont dirigés sur les lieux, deux sur une motoneige et un à pied.
En arrivant sur les lieux, les deux patrouilleurs ont retrouvé une femme agenouillée dans la neige, tenant un bébé et à côté d’elle se trouvait un autre enfant avec du sang sur le visage. Lorsqu’on lui a demandé ce qui s’était passé, la femme, qui était dans un état de panique, a pointé vers un homme à plusieurs mètres d’elle, dans une zone boisée et escarpée sous un arbre fraichement tombé, pris en sandwich entre l’arbre et le sol, toujours allongé sur son traîneau à tripes. Il était piégé, immobile et apparemment inconscient. L’arbre mesurait environ 30 pieds de long, avec plusieurs branches cassées (certaines pointues) émergeant dans toutes les directions.
Des témoins ont déclaré que l’homme avait les deux enfants avec lui sur son traîneau et il semblait en avoir perdu le contrôle jusqu’à même sortir de la piste pour traverser un terrain escarpé et boisé et enfin s’immobiliser au pied de l’arbre. Les enfants auraient été éjectés du traîneau juste avant ou lors de l’impact avec l’arbre.
Après s’être assuré que la femme et les enfants n’étaient pas en danger immédiat, le premier patrouilleur sur les lieux s’est rendu auprès de l’homme dans les bois. Le deuxième patrouilleur est resté avec les premiers patients jusqu’à ce que les SMU arrivent et les prennent en charge.
À ce stade, le troisième patrouilleur est arrivé sur les lieux, rejoignant ses collègues avec le patient principal. D’autres membres des SMU, des pompiers, des secouristes et plusieurs employés du parc avaient également rejoint le groupe, tous contribuant aux efforts de sauvetage des patrouilleurs qui assumaient la gestion du cas.
Les patrouilleurs ont effectué une évaluation complète du patient en suivant tous les protocoles COVID-19. Le mécanisme de la blessure était évident : le patient s’étant dirigé à grande vitesse dans la zone boisée escarpée jusqu’à l’arbre en dessous duquel il s’est retrouvé coincé. Compte tenu du nombre de branches pointues sur le tronc, l’examen primaire approfondi s’est avéré particulièrement difficile mais extrêmement important pour s’assurer qu’il n’y avait pas de blessures graves mais aussi cachées. On a remarqué que le patient était mal vêtu pour ce genre d’activité, qu’on pouvait constaté un début d’hypothermie, qu’il était immobile et répondait très peu aux stimuli verbaux, que s’est réactions étaient lentes en raison de l’apparition probable d’un choc et qu’il avait de la difficulté à respirer parce qu’il était coincé étroitement sous l’arbre.
Les patrouilleurs ont procédé à une immobilisation sur place et l’on protégé tandis que l’arbre était enlevé. Une fois dégagé, le patient a été réexaminé complètement pour déterminer l’étendue de ses blessures et retirer le traîneau qui était toujours sous lui. Il a ensuite été complètement immobilisé avec une civière cuillère sur la pente à 45 degrés dans la neige molle au milieu des bois. Ce patient mesurait plus de six pieds et pesait plus de 200 livres. Une fois complètement immobilisé, on a fait glisser la civière le long de la pente pour ensuite la transporté à pied jusqu’à une surface plus dure où attendait le brancard de l’ambulance. De là, le brancard chargé du patient a roulé sur plus de 1 000 pieds dans la neige jusqu’à l’endroit où l’ambulance attendait dans le stationnement. À ce moment-là, la mère du patient est arrivée sur les lieux, également très bouleversée et paniquée. C’est le troisième patrouilleur qui s’est chargé de lui expliquer la situation et de la calmer également.
Gilbert Bélanger, Pierre-Luc Vibert et Luc Gagnon ont travaillé en équipe pour trier les patients, déterminer les priorités, coordonner plus de 20 sauveteurs dont des patrouilleurs, des pompiers, des ambulanciers et des travailleurs du parc pour effectuer ce sauvetage difficile en terrain extrême. Pour leur travail, ces patrouilleurs ont reçu le prix du sauvetage John D. Harper en 2021. Il est à noter qu’il s’agissait du deuxième prix du sauvetage remis à Luc Gagnon en 2021 (voir le numéro 5/5 de décembre 2021).
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